orientations pour l'étude du thème
ANNEXE 3
ORIENTATIONS POUR L'ÉTUDE
DU THÈME CULTUREL ET SOCIO-ÉCONOMIQUE
FÉMININ/MASCULIN
« Quelque tempérament qu’aient les femmes, elles ne sont pas moins capables
que nous de la vérité et de l’étude. Et si l’on trouve à présent en quelques-unes
quelque défaut ou quelque obstacle (…) cela doit être uniquement rejeté sur
l’état extérieur de leur sexe et sur l’éducation qu’on leur donne, qui comprend
l’ignorance où on les laisse, les préjugés et les erreurs qu’on leur inspire,
l’exemple qu’elles ont de leurs semblables, et toutes les manières à quoi la
bienséance, la contrainte, la retenue, la sujétion et la timidité les réduisent. »
Poullain de la Barre.
De l’Egalité des deux sexes, discours physique et moral, où l’on voitl’importance de se défaire des préjugés
, 1673.«Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur
être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands,
les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs
des femmes dans tous les temps et ce qu’on doit leur apprendre dans leur
enfance. »
Rousseau
,J-J. Émile, ou de l'Éducation, 1762.« On ne naît pas femme, on le devient » proclamait Simone de Beauvoir dans
Le DeuxièmeSexe
en 1949. Pour mieux mettre en évidence la part sociale et culturelle desdifférenciations sexuelles elle réduit ainsi de façon provocante la part du biologique. Car
c’est bien à travers les rapports sociaux que se construit l’identité sexuelle. Ce qui nous
apparaît immuable et intangible dans la différenciation homme-femme, le caractère, les
comportements, l’habillement, les attitudes relationnelles, a en fait varié selon le temps et
les aires géographiques. Et ce qui peut dissocier identité sexuelle et sexe physique ou
diluer les genres (l’homosexualité par exemple) fait peur et provoque le rejet.
Au-delà de cette plasticité de l’identité sexuelle, l'opposition féminin /masculin est une
évidence, ce qui pose d'abord la question de la nature de la différence entre les genres.
On peut envisager cette différence de plusieurs manières. Tout d'abord comme un
phénomène naturel, renvoyant à la génétique ou au biologique : les sexes ne sont pas
programmés de la même manière. Ensuite comme un effet de société relevant de
mécanismes discriminatoires, facteurs d'inégalités. Enfin comme un résultat de l'histoire :
l'émancipation féminine a pris du retard qu'il faut maintenant combler. Pour aborder la
question de la différence, la nature, la société et l'histoire peuvent ainsi être mobilisées, de
manière très diverse et apporter des éclairages, parfois surprenants. La sociologie des
genres a bien développé ces analyses.
Dans la plupart des sociétés actuelles ou passées, ce sont les hommes qui détiennent le
pouvoir. La domination masculine se matérialise et se perpétue au travers de l'occupation
des places les plus influentes ou les plus prestigieuses. De nombreux espaces sociaux
portent cette infériorisation du positionnement féminin :
- les femmes n'ont pas les mêmes chances d'accès à l'emploi. De plus, au sein d'une
même profession, l'accès aux postes de responsabilité profite davantage aux
hommes. Les écarts de salaire restent encore significatifs, même si en France, cet
écart est moins important que dans la plupart des autres pays. Sexualisation des
qualités professionnelles ?
- dans le domaine de la politique, la parité est loin d'être atteinte et la France fait
figure d'un pays particulièrement discriminant. Moins de dispositions pour le
politique?
- alors que l'activité professionnelle des femmes est proche de celle des hommes, le
temps de la cuisine et du domestique est encore largement celui des femmes.
Modèle persistant de « la parfaite femme d’intérieur »?
- les formes de la conjugalité évoluent. Mais dans le domaine de la liberté sexuelle,
au sein de beaucoup de familles, les jeunes filles et les femmes n'ont sans doute pas
les mêmes droits que les garçons et les hommes. Nécessité de protéger le sexe
faible ?
- dans le monde des arts et de la culture, le nombre d'artistes femmes est inférieur
au nombre d'hommes. Moins de sensibilité artistique ?
Cette domination trouve son explication ou sa justification au travers d'argumentations
différentes. Naturaliste : la faiblesse, la taille, la résistance des femmes constituent des
handicaps (
"la femme est biologiquement inférieure", Alexis Carrel, L'Homme, cetinconnu
). Fonctionnaliste : la grossesse, l'allaitement… exposent les femmes, davantageque les hommes, aux obligations (et aux dangers) de la vie en société. Essentialiste : les
qualités morales des femmes sont alors en cause. Qu'on songe aux récits des origines, aux
mythes de certains peuples relatifs à la création du monde, les Dogons par exemple ou au
comportement d'Eve dans le récit de la Bible.
L'écart ou la différence tiennent-ils à la résistance masculine ou à l'intériorisation
féminine ? Les femmes hésitent entre l'acceptation de la différence et l'aspiration à l'égalité
! Cette idée d'égalité est complexe, elle revêt des significations différentes .Comment
éliminer les obstacles à l'égalité et dissoudre la différence? Un traitement égal est-il
réaliste et efficace ? Faut-il recourir à la discrimination positive, par exemple une politique
de quotas ou imposer la parité? Ces deux approches ne font pas l'unanimité. Une approche
intégrée prenant en compte systématiquement les priorités et les besoins respectifs des
femmes et des hommes ("gender mainstreaming") fait davantage consensus, en faisant
respecter la différence. L'idée d'égalité n'est pas la même selon les milieux sociaux. Les
rapports entre les sexes varient selon les groupes sociaux : le statut de la femme n'est pas
le même selon que l'on se trouve dans les couches bourgeoises ou aisées ou à l'inverse
dans les couches défavorisées de la population.
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Ces quelques questions n’épuisent pas le thème, elles ne présupposent aucune réponse et
se veulent simplement l’amorce d’une problématique que chaque enseignant rendra
d’autant plus sensible aux étudiants qu’il se la sera personnellement appropriée. De même,
les indications bibliographiques ne se veulent ni exhaustives ni contraignantes, elles
présentent simplement des références qui peuvent étoffer ou diversifier la réflexion de
l’équipe pédagogique.
Pour étudier ce thème, il est indispensable d’établir une collaboration entre les enseignants
des modules D22 et D31 (ou M22 et M 21) et de construire des activités pluridisciplinaires.
Ce thème ne doit pas s’entendre comme un enseignement s’ajoutant aux programmes du
D22 et du D31 (ou M22 et M21).
S’agissant du D22 (ou M22), il constitue un support aux méthodes et techniques mises en
oeuvre dans le cadre du domaine : travail de documentation (bibliographies, fiches de
lecture, dossiers, enquêtes...), travail d’analyse et de réflexion (recherche de
problématiques, analyse de contenu de textes, travail sur l’argumentation...), d’expression
et de communication (entretiens, débats, exposés, produits de communication...).
S'agissant du D31 (ou a fortiori M21 ), le thème met l'accent sur l'approche sociologique. Il
interroge les développements du module concernant la socialisation, le problème des
inégalités, les relations entre population et croissance, les conditions du développement
économique, le droit et la justice, le rôle de l'état…
D O C U M E N T A T I O N I N D I C A T I V E
AGACINSKI (S.) -
La politique des sexes. Seuil, 1998.ALONZO (P.) -
Femmes et salariat : l'inégalité dans l'indifférence. L'Harmattan, 2000.BADINTER (E.) -
L'Un est l'autre. Odile Jacob, 1986.BADINTER (E.) -
XY, de l'identité masculine. Odile Jacob, 1992.BATTAGLIOLA (F.) -
Histoire du travail des femmes. La Découverte, 1988. CollectionRepères.
BAUDELOT (C.), ESTABLET (R.) -
Allez les filles ! Seuil, 1991.BAUDOUX (C.), ZAIDMAN (C.) - L
'égalité entre les sexes. Mixité et démocratie.L'Harmattan, 1992.
BEAUVOIR (S. de) -
Le Deuxième Sexe. Gallimard, 1949.BIHR (A.), PFEFFERKORN (R.) -
Hommes, femmes, l’introuvable égalité. Editions del'Atelier, 1997.
BLOSS (T.) -
La dialectique des rapports hommes-femmes. PUF, 2001. Sociologied'aujourd'hui.
BOURDIEU (P.)
- La domination masculine. Seuil, 1998.COMMAILLE (J.) -
Les stratégies des femmes. Travail, famille et politique. La Découverte,1992.
DIDIER (Z.) -
Femmes et hommes : les inégalités qui subsistent. INSEE PREMIERE, 2002.DUBY (G.), PERROT (M.) -
Histoire des femmes en occident. De l'antiquité à nos jours.Plon, 1991-1992. 5 tomes.
EPHESIA.
- La place des femmes. Les enjeux de l'identité et de l'égalité au regard dessciences sociales
. La Découverte, 1995.FERRAND (M.) -
Féminin/masculin. Ed La Découverte, 2007.FRAISSE (G.) -
La Différence des sexes. PUF, 1996.GASPARD (F.) -
Les femmes dans la prise de décision en Europe. L'Harmattan, 1997.HERITIER (F.) -
Masculin/Féminin. La pensée de la différence.Odile Jacob, 1996.HERITIER (F.) -
Masculin/Féminin II. Dissoudre la hiérarchie. Odile Jacob. 2002.IACUB (M.) -
Qu'avez vous fait de la révolution sexuelle ?. Flammarion., 2002.LAUFER (J.), MARRY (C.), MARUANI (M.) -
Masculin-Féminin : questions pour lessciences de l'homme
. PUF, 2001.LE PORS (A.), MILEWSKI (F.) -
Promouvoir la logique paritaire. La Documentationfrançaise, 2003.
MAJNONI D'INTIGNANO (B.), AGLIETTA (M.), CETTE (J.) -
Egalité entre hommes etfemmes : aspects économiques. Rapport au Conseil d'analyse économique
. LaDocumentation Française, 1999.
MARUANI (M.) -
Les mécomptes du chômage. Bayard, 2002.MEAD (M.) -
L'Un et l'autre sexe. Denoël Gonthier, 1935.MOSCONI (N.) -
Egalité des sexes en éducation et formation. PUF, 1998.SINEAU (M.) -
Profession : femme politique. Sexe et pouvoir sous la Vème République.Presses de Sciences Po, 2001.
VALLET (O.) -
Déesses ou servantes de Dieu ? Femmes et religions. Gallimard, 1994.Découvertes.
Revues, dossiers et sites internet
RAISKY ( C.) -
Masculin/Féminin. BTSA. Publication de l’ENESAD. septembre 2000.Le piège de la parité, Arguments pour un débat
. Hachette Littératures, 1999. CollectionPluriel.
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