Thème progrès Au charbon pour réviser!
La condition houillère au XIXe siècle : un reporter au
pays des mineurs
Florence Loriaux
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Le charbon : source nouvelle d’énergie
D’où vient cette espèce de déification de la houille qui a été jusqu’à faire offrir
par la Wallonie beaucoup de ses fils en sacrifice, jusqu’à accepter d’en
dénaturer l’aspect physique de ses régions en écrasant les paysages
autrefois champêtres de la masse envahissante des terrils, et même jusqu’à
lui donner pour qualificatif un adjectif taillé à la couleur de ses gaillettes : le
Pays Noir ?
Certainement de ce que le charbon était une source d’énergie essentielle et
que l’énergie est la chose la plus importante dans tout processus de
développement et de progrès technologique.
Alfred Sauvy, dans son livre sur “La machine et le chômage”, rappelle le
curieux calcul en unités d’énergie proposé par le baron Dupin en 1827 pour
mesurer la puissance comparée de la France et de l’Angleterre. Il repose sur
une conversion cheval-homme (1 cheval = 7 hommes) et cheval-charbon qui
faisait, selon lui, que la France disposait de l’équivalent de 37 millions
d’hommes, dont seulement 8.400.000 étaient de race humaine, et qu’en
ajoutant le charbon ce pays disposait de 48,8 millions d’hommes, contre 60
millions pour l’Angleterre2.
Aussi longtemps que l’homme était la principale source d’énergie (en dehors
des énergies “naturelles”, comme le soleil ou l’eau), la question de la rivalité
entre l’homme et la machine ne s’est pas posée et la dissociation entre le
progrès humain et social d’une part et le progrès technologique de l’autre
était plutôt arbitraire. Elle a cessé de l’être dès l’instant où des chercheurs
ont découverts de nouvelles sources d’énergie non humaines, ni animales ?
- : la vapeur, puis la houille, et enfin le pétrole et l’atome.
A partir de ce moment, la concurrence entre le capital et le travail ne pouvait
qu’aller en s’accentuant et, après plusieurs crises pétrolières mondiales,
nous découvrons aujourd’hui que la conquête de l’énergie reste un des
facteurs primordiaux de l’opposition des Nations et le “moteur” de grandes
rivalités entre les peuples et de géo-stratégies internationales. Le Marxisme,
comme d’autres idéologies à composantes sociales (le socialisme et ses
diverses extensions), est né de cette dualité.
Toujours est-il que le charbon a été la source principale de richesse de la
terre wallonne au XIXe siècle et qu’il a été synonyme de progrès technique et
d’industrialisation. Il a décuplé la force naturelle des travailleurs en
alimentant une force motrice de plus en plus puissante et en pleine
expansion.
2 SAUVY, A., La machine et le chômage. Le progrès technique et l’emploi, Paris, Bordas,
1980 (voir dans l’édition de poche Pluriel, 1982, p.45-46).
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